samedi 21 décembre 2013

L'Islam au musée du Louvre

J'ai découvert le musée du Louvre grâce à une sortie en 6e avec le collège. Evidemment, nous avions visité le département sur l'Egypte car nous l'avions étudié en cours d'histoire-géographie. Je me souviens d'avoir été impressionnée par le bâtiment ; à cette époque, la pyramide n'existait pas encore, la polémique viendrait plus tard. Aujourd'hui, elle est intégrée au décor et elle fait partie du lieu comme si elle avait toujours été là. Mes souvenirs sont lointains mais le sarcophage d'une momie est toujours présent dans mon esprit.
Je suis retournée depuis plusieurs fois dans ce musée que j'aime beaucoup malgré sa taille impressionnante. Aujourd'hui, en plus avec le site internet, nous pouvons préparer notre visite et cibler les départements à découvrir ou à redécouvrir.
Fin novembre, je voulais découvrir le département sur l'Islam ouvert en 2012.  Je trouvais très beau l'architecture extérieure pensée par deux hommes : Rudy Ricciotti et Mario Bellini qui ressemble à une "aile de libellule".

 Ainsi, quand on arrive dans cet espace de 3000m2, on est sous l'aile de libellule ce qui donne une lumière particulière au lieu. Ce premier niveau se trouve en rez-de-cour où sont exposés de très beaux objets dans de jolies vitrines. Ainsi vous pouvez découvrir des aiguières ( des vases à eau) qui servaient pour les bains et notamment celle du trésor de Saint-Denis qui est datée fin Xe siècle - début XIe siècle. Ce modèle est fait d'un seul bloc avec des oiseaux incrustés dessus. 

A l'étage inférieur, j'ai découvert des objets incroyables, notamment des boîtes ouvragées avec une multitude de tiroirs où on imagine ranger des bijoux plus précieux les uns que les autres.
Un objet m'a particulièrement fascinée : un chandelier aux canards et aux félins.



Ce chandelier immense mesure 34 cm de hauteur pour un diamètre maximum de 35.5 cm. On pourrait penser qu'il est lourd mais en fait, il est réalisé dans une seule feuille de métal et il n'a pas de fond. La technique utilisée est le repoussé. "La technique consiste à mettre en forme les reliefs par l'intérieur de la surface métallique, afin d'obtenir des motifs visibles à l'extérieur." Cet objet vient d'Iran et il est daté de la seconde moitié du XIIe siècle. 
Je pourrais vous citer encore d'autres objets plus fascinants les uns que les autres mais je vous invite à aller les découvrir par vous-même car la scénographie est faite de façon intelligente et intéressante.

lundi 16 décembre 2013

Femmes écrivains au Japon (1/3)


J’avoue, le Japon me fascine. Sa culture, cette application dans la présentation plus que dans le contenu, la forme plus que le fond, la littérature… Au Japon, la tradition « semble » côtoyer la modernité sans heurts. Pourtant, lorsque l’on creuse un peu, c’est bien plus complexe.
La place des femmes dans la société japonaise n’est pas aisée. Leurs projets d’avenir, pour beaucoup, restent le mariage et surtout les enfants. Une vie professionnelle en parallèle ? Mmh, pour de nombreux chefs d’entreprise, il ne saurait en être question d’où une propension accrue de femmes japonaises sans enfant et donc une chute de la natalité. Ce qui m’amène à vous parler des auteures japonaises.
 Tout le monde, plus ou moins, a entendu parler de Haruki Murakami, succès planétaire de 1Q84 et adaptation cinématographique de son roman la Ballade de l’impossible aidant. Sachez qu’à la même époque (1987) où est paru ce dernier, succès prodigieux de Murakami, une jeune femme perçait et révélait au Japon qu’une nouvelle forme de littérature était en train d’émerger… Son nom ? Banana Yoshimoto. Son livre ? Kitchen.

Roman étrange, tout en en introspection, où le quotidien côtoie le merveilleux et la poésie. L’héroïne vient de perdre sa grand-mère et ne trouve de réconfort que dans les cuisines et les plats qu’elle confectionne. Elle est recueillie par un ami dont la mère est en réalité le père du jeune garçon, travesti.
  Dans la seconde novella (roman court) qui suit Kitchen, une jeune fille perd l’homme qu’elle aime et  la course à pied devient son unique moyen d’oublier son chagrin l’espace d’un instant. Vous l’aurez compris, le thème de prédilection de Banana Yoshimoto est le deuil et les réactions de ses personnages pour le surmonter… ou pas.

Banana Yoshimoto, fille d’un poète et philosophe réputé au Japon, Takaaki Yoshimoto a reçu pour ce premier roman le prix « jeune talent » de la revue littéraire Kaien. Elle a alors 23 ans et Kitchen s’est vendu à 2.5 millions d’exemplaires au Japon. Pour de nombreux critiques littéraires, les romans de Banana Yoshimoto et de Haruki Murakami sonnaient le glas de la littérature « pure » et amorçaient un mouvement  centré sur le « je » narcissique, sans la dimension politique ou historique qu'affectionnaient les auteurs d’après-guerre. Ils vont jusqu’à les comparer au manga, type populaire par excellence ! Pourtant, cette mise en relief du quotidien et de son impermanence fait écho chez les lecteurs qui, eux, les ont plébiscités ! Kenzaburõ Õé, prix Nobel de littérature en 1994, souligne cette évolution dans ses mémoires comme suit : "Ma façon d'écrire, c'est-à-dire dans un style propre à la langue écrite, est devenue dès lors un style ancien et les deux écrivains que sont Murakami Haruki et Yoshimoto Banana ont commencé à créer une nouvelle écriture de l'oralité."
 Lorsqu’en 1993, Kitchen est traduit en anglais et parait aux Etats-Unis, le New-York Times s’exclame « Quelle clairvoyance ! Quel extraordinaire don pour exprimer les sentiments humains ! » Un critique japonais parle alors d’universalité car Banana Yoshimoto peut être comprise partout quant à la place de la technologie dans notre monde moderne et l’éphémère qui la caractérise. Bref,  le succès mondial de l’OVNI Yoshimoto reste un mystère pour les chantres de la littérature japonaise mais moi, modeste lectrice que je suis, je suis tombée amoureuse des personnages et des histoires de cette auteure, de cette étrangeté qu’elle révèle chez l’individu et de l’impermanence qu’elle souligne avec tant de délicatesse.

« Je crois que j’aime les cuisines plus que tout autre endroit au monde.
Peu importe où elles se trouvent et dans quel état elles sont, pourvu que ce soient des endroits où on prépare des repas, je n’y suis pas malheureuse. »

Maud
PS : Les citations proviennent de l'ouvrage : « Ecrire au Japon : le roman japonais depuis les années 1980 » de Mariko OZAKI, traduit par Corinne Quentin chez Philippe Picquier

mercredi 4 décembre 2013

Rencontre avec Marie-Hélène LAFON Le 9 novembre 2013, à 17h, en salle des mariages.

 
         Toute de violet vêtue, Marie-Hélène Lafon a fait une entrée remarquée dans la salle des mariages. Les 35 personnes qui l’attendaient l’accueillirent avec bonheur. Cet auteur est une habituée de l’exercice : elle peut se prévaloir d’avoir publié 12 ouvrages, dont beaucoup ont reçu de belles récompenses, notamment le Prix Renaudot des lycéens pour Le Soir du Chien en 2001. Elle est aussi régulièrement invitée sur des plateaux de télévision, et à la radio, pour évoquer son œuvre qui s’étoffe d’ouvrage en ouvrage.
         Cette rencontre était placée sous le signe du Salon du livre des Essarts-le-Roi, avec lequel la bibliothèque est en partenariat cette année.
         Une fois tout le monde installé, l’entretien a commencé directement dans le vif du sujet. Les éléments autobiographiques qui foisonnent dans tous ses ouvrages ont été le point de départ de la découverte de cet auteur de qualité, professeur de lettres classiques à Paris. L’entretien s’est très vite transformé en conversation, comme à la maison, où les lecteurs sont devenus acteurs et ont posé de nombreuses et pertinentes questions.
Elle a mis l’accent sur le fait qu’elle ne fait pas d’autobiographie, elle utilise simplement tout ce qui se passe autour d’elle pour le retranscrire en fiction. D’après ses mots, la réalité est bien plus riche et extraordinaire que l’imagination. Elle n’invente rien, elle transforme la réalité, elle se sert de son sens aigu de l’observation.
Elle a également avoué passer des mois entiers à retravailler ses textes, dans un souci du « mot juste », de la formule. Elle a cette « obsession » en elle de la langue française qui se traduit très bien dans ses textes. Son style est tout à fait particulier, opaque de prime abord, mais d’une richesse et d’une poésie inouïes dès que l’on se laisse emporter par la musique de son écriture.
Elle est par ailleurs très attachée à ses racines, le Cantal, Aurillac et le monde paysan qu’elle a connu de près. Les thèmes de l’héritage, de la famille et de l’avenir du monde paysan sont extrêmement présents dans son travail. Elle écrit pour retranscrire ce monde avec le plus d’exactitude possible, sans aucune complaisance : la rudesse, le silence et la solitude de ses personnages traduisent en effet une réalité qui tranche avec la vision idyllique que le lecteur pourrait avoir de la campagne avec de jolies vaches dans les prés.
Pendant une heure et demie, les questions se sont enchaînées, d’idées en idées, parsemées d’extraits choisis, lus par elle-même. Le temps est passé si vite ! Les échanges se sont poursuivis autour d’un verre et de petits fours, lors d’une séance de dédicaces.
Bérengère