vendredi 24 février 2012

Les carnets de route de François Busnel

Je n'apprendrai rien aux amateurs de la grande librairie sur France 5 mais une fois par mois, François Busnel s'évade, et nous avec, à la rencontre des auteurs américains. Croyez moi sur parole, cet instant d'évasion est un enchantement. Commencé en octobre 2011 avec les auteurs new-yorkais, il poursuit son périple à travers les Etast-Unis, d'Est en Ouest, et ponctue sa route d'interviews de Paul Auster, Richard Russo, Louise Erdrich, Russel Banks et bien d'autres encore, nous faisant découvrir l'homme ou la femme derrière l'écrivain, ses combats, son univers...

Carnet de Route de François Busnel - Louise Erdrich

La prochaine émission aura lieu le jeudi 23 février, émission où François Busnel rencontrera Jim Harrison et Craigh Johnson, deux grands auteurs dans la veine du Nature Writing dont je vous avais déjà parlé ici. Amateurs de littérature américaine ou non, je vous conseille vivement ce rendez-vous qui vous donnera sans aucun doute des idées de lectures...
Maud

jeudi 16 février 2012

Le théâtre au présent

Il est, selon moi, un phénomène fabuleux relevant sans aucun doute de la magie et qui tient dans le passage du texte au spectacle. L'exercice est d'autant plus admirable pour le théâtre contemporain. Loin de moi l'idée de dénigrer les "Bourgeois gentilhomme", "Ruy Blas", et autres "Phèdre" mais, leur langue est déjà consacrée et leurs thèmes, reconnus pour leur universalité.


Pour le théâtre contemporain, l'enjeu est tout autre. La langue est rugueuse, violente lorsque Nassim évoque sa vie dans un foyer de la banlieue parisienne suite au décès de sa mère ("La Niaque", Chad Chenouga mise en scène de l'auteur en 2011), elle devient ampoulée et sirupeuse (des alexandrins tout de même) pour ces banquiers venus demander de l'aide aux pouvoirs publics en pleine crise financière ("D'un retournement l'autre", Frédéric Lordon). La forme n'est pas tout a fait théâtrale pour croquer ces ouvriers venus chercher leur médaille du travail et qui, chacun leur tour, racontent cette vie de labeur ("La médaille", Lydie Salvayre adapté en 2010 par Zabou Breitman). L'auteur interpelle le lecteur lorsqu'il s'agit de rendre compréhensible cette Union Européenne foutraque et attachante ("L'européenne", David Lescot mis en scène par l'auteur en 2009), à l'inverse, le lecteur s'introduit par inadvertance dans l'intimité désespérée et décalée des Spotek, dentistes et parents malheureux puisque la guerre leur a arraché leurs filles ("Vers toi Terre promise", Jean-Claude Grumberg, créée par Charles Tordjman en 2008).


Jusqu'ici, la similitude avec le roman est entière mais l'envol est pris avec la mise en scène qui donne toute son ampleur ou au contraire conserve l'intimité du texte. Que faut-il faire en premier, lire le texte ou voir la pièce ? Lire le texte, se construire son spectacle puis en découvrir une autre interprétation ? Voir la pièce et revenir au texte pour comprendre ce qui relevait du texte et l'apport de la mise en scène ?
Et puis, et puis, la présentation publique de l'oeuvre est... publique (en général, on voit la pièce d'abord). Un roman que l'on n'apprécie guère, on le repose discrètement ; une représentation de théâtre est au contraire parcourue des enthousiasmes, déceptions, inquiétudes, rires, larmes... des spectateurs. Et dans le théâtre contemporain, les spectateurs observent la prestation des acteurs, la mise en scène mais découvrent également le texte, l'histoire. L'auteur confronte directement son regard, sa vision du monde avec ceux qui regardent sa pièce.
Le théâtre est un art magique et, au présent, c'est un exercice d'équilibriste magnifique ! (les textes sont disponibles à la bibliothèque)
Sandrine

mercredi 8 février 2012

Rencontre avec la directrice éditoriale de Sarbacane
Emmanuelle Beulque

Emmanuelle Beulque a créé la maison d’édition Sarbacane en 2003 avec Frédéric Lavabre. Elle publie des albums, des romans pour adolescent avec la collection Exprim,  des romans jeunes.
Emmanuelle Beulque est la spécialiste du texte et Frédéric Lavabre s’occupe des illustrations.
Elle est venue mardi 24 janvier 2012 à la rencontre de deux classes de CM1-CM2  pour leur parler de son métier.

A partir du livre La Chose de Béatrice Fontanel, elle a expliqué les différents processus pour la création d’un album : du manuscrit à l’exemplaire vendu au libraire.

Sarbacane est un éditeur qui publie essentiellement des albums et nous avons la chance d'avoir quelques perles à votre disposition.
Marlène Baleine de Cali Davide traite de la différence, de la confiance en soi, du regard des autres. Marlène est une petite fille qui subit les moqueries de ses camarades car elle est un peu ronde mais grâce aux paroles bienveillantes d’un adulte, elle va changer son regard sur elle-même et par ricochet, celui des autres va évoluer. Un superbe album à lire absolument.
Ceux que lisent les animaux avant de dormir de Noé Carlain  est un album humoristique avec des jeux de mots ; par exemple « Le kangourou n’aime que les livres de poche », « les paresseux ne lisent que des pages blanches ». Un album pour tous les âges, où texte et image se répondent avec intelligence.

Sarbacane édite aussi des mini-romans pour les jeunes entre 9 et 12 ans qui traite de sujets comme le mensonge, les relations parents-enfants, l’amour.
Vendeur de rêves raconte l’histoire d’un collégien qui se croit obligé de mentir sur le métier de son père car il est au chômage. Quand son professeur lui demande de l’inviter pour parler à la classe de ce métier imaginaire, Marcus est coincé. Il va devoir trouver une solution pour se sortir de cette situation épineuse. En peu de pages, l’auteur arrive à traiter de ce sujet avec réalisme mais aussi avec tendresse pour ce jeune homme qui se sent perdu face à son père qu’il ne reconnaît plus. Un livre à découvrir.

 Valérie

vendredi 3 février 2012

Quand le peintre se fait personnage de roman…

La peinture dans le roman… voilà un thème fréquemment exploité dans la littérature. De tout temps, écrivains et artistes peintres se sont fréquentés, naviguant dans les mêmes cercles, partageant les mêmes révoltes. Mise en valeur des œuvres, du talent des artistes, nombreux sont les romans historiques qui ont pris pour sujet de grands peintres et leur entourage, réel ou imaginaire.
La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier (Vermeer), L'enfant de Bruges de Robert Sinoué (Jan Van Eyck), Sundborn ou les jours de lumière de Philippe Delerm (Carl Larson) ou encore les romans de Sophie Chauveau sur Lippi ou Botticelli… tous témoignent d’une grande admiration pour le génie créateur et leurs dépositaires.



Néanmoins, avant d’être de grands noms de la peinture, souvenons-nous qu’ils ont été des êtres humains en proie au doute, à la soif de reconnaissance, au besoin viscérale de créer sous peine de s’éteindre à petit feu. Créer pour exister, exister pour créer… quitte à n’être reconnu qu’une fois disparu.
Certains romanciers, sans doute comme un écho à leurs affres propres, se sont penchés sur ce que peut être le parcours d’un artiste, de son besoin de s’exprimer par l’image, parfois même avant que les mots ne surgissent, aux doutes quand la reconnaissance tarde à venir ou même encore lorsque amour et enfants deviennent obstacles à la pensée et à l’acte créateur.
Parmi, donc, la liste sans fin des œuvres dont le sujet central est la peinture, je m’attarderai sur 3 d’entre elles.


Karitas sans titre et Chaos sur le Toile de Kristin Marja Baldursdottir : 2 romans pour couvrir toute une vie, celle de Karitas, née au début du 20e siècle en Islande dans une famille de 6 enfants. Son don pour le dessin la conduira à faire des études d’art à Copenhague mais la vie et ses contingences se rappelleront à elle à son retour, sous les traits de Sigmar, le beau marin dont le regard clair ne cessera de la faire vibrer alors qu’elle rêverait de ne se consacrer qu’à l’art.
Saison de lumière de Francesca Kay : là encore,  biographie imaginaire d’une femme peintre, écrite par un poète. Jennet est née en Angleterre. Entourée de parents malheureux, elle va vite révéler un talent certain pour la peinture, talent qu’elle rêve d’exprimer en allant faire des études d’art à Londres. Là aussi, un homme va l’en détourner. David, peintre talentueux, trop porté sur l’alcool qui ne supportera pas de voir sa femme, la mère de ses enfants lui voler la vedette par son talent et sa patience.
Enfin Tout ce que j’aimais de Siri Hustvedt : deux hommes, Léo, enseignant et critique d’art, et Bill, artiste prometteur, vont se lier d’amitié et évoluer dans le New-York des années 70. Vie de couple, enfant, bonheurs et drames vont être partagés par les deux hommes. L’artiste n’est pas au centre du roman mais reste un magnifique témoignage d’une époque et du vent de liberté qui a soufflé sur le monde artistique après mai 68.
Maud